Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 13 avril 2016
Transports

TGV sud-ouest : une victoire pour les élus

Les élus de la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (ALPC) et ceux de la métropole de Bordeaux n’ont pas caché leur satisfaction, en début de semaine, lorsque la SNCF a rendu officielles les nouvelles dessertes du TGV Atlantique et Bretagne/Pays-de-la-Loire. Nouvelles destinations, nouveaux horaires, et surtout des temps de parcours vers Bordeaux, Toulouse, Rennes, Nantes, très largement diminués… Le nouveau TGV ouest, qui sera inauguré le 2 juillet 2017, « répond de manière satisfaisante aux attentes exprimées par les territoires, les usagers et les acteurs économiques », se sont félicités hier Alain Rousset, président de la région ALPC et Alain Juppé, maire de Bordeaux.
Il faut dire que les changements seront de taille : « 2 500 horaires quotidiens modifiés », annonce la SNCF, et des temps de parcours réduits vers 60 villes, à la fois grâce à une plus grande utilisation de la grande vitesse (jusque-là impossible entre Tours et Bordeaux) mais aussi « à l’optimisation des correspondances avec le TER ». Entre Tours et Bordeaux, c’est une ligne entièrement nouvelle qui a été construite – dont la gestion de l’infrastructure a été confiée, pour la première fois en France, à une entreprise privée, Lisea (dont les actionnaires principaux sont Vinci et la Caisse des dépôts).
Résultat : des gains de temps spectaculaires vers le sud-ouest, avec 2h04 au lieu de 3h14 sur Paris-Bordeaux, et 4h09 au lieu de 5h25 sur Paris-Toulouse. Les lignes sud-ouest vont également bénéficier de 40 rames entièrement nouvelles, dotées d’une nouvelle ergonomie et équipées en wifi.
Au-delà, c’est surtout le cadencement de ces nouvelles lignes qui satisfait les élus du sud-ouest. Car il est le fruit d’une longue bataille entre les élus et la SNCF, depuis un an, menée à coups de chiffres, d’expertises et de contre-expertises. La SNCF ne voulait pas entendre parler de plus de 13 liaisons quotidiennes Paris-Bordeaux, estimant qu’au-delà, elle perdrait de l’argent. En cause, le prix des péages que l’exploitant doit payer auprès du concessionnaire de la ligne sur la portion Tours-Bordeaux pour faire circuler ses trains – environ 15 000 euros par rame. Mais du côté de la région et des agglomérations concernées, les élus se sont montrés intraitables, arguant des efforts financiers considérables consentis : les régions ont mis quelque 330 millions d’euros dans la nouvelle ligne, et Bordeaux Métropole, 127 millions. Pas question donc pour les élus d’accepter un cadencement « au rabais ». Ils ont fini par remporter la bataille : il y aura finalement non pas 13 mais 17,5 allers et retours directs quotidiens. Et les horaires ont été aménagés de façon à ce que des Bordelais puissent arriver à Paris à 8 h du matin, et des Parisiens de rallier Bordeaux avant 9 h.
Les élus de la région ont aussi veillé à ce que les horaires des TER soient réaménagés pour s’adapter à cette offre nouvelle : les liaisons entre Bordeaux et des villes moyennes (Agen, Mont-de-Marsan, Bergerac ou Arcachon) ont été retravaillées de façon à ce que les habitants de ces villes puissent attraper les premiers trains pour Paris, et arriver le plus tôt possible dans la capitale.
Cette nouvelle offre, si elle constitue une bonne nouvelle pour les élus et surtout les habitants du sud-ouest, sera sans doute regardée avec quelque amertume par bien d’autres territoires qui, eux, n’ont pas tant de chance : la ligne POCL (Paris-Orléans-Clermont-Ferrand-Lyon) est toujours au point mort, sans espoir de mise en service avant 2030 – si elle a lieu. Et les usagers de nombreuses liaisons Intercités, comme Paris-Nevers ou Paris-Rouen-Le Havre, n’ont pour l’instant aucune perspective de voir leur ligne modernisée ou accélérée…
F.L.

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