Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 11 juin 2014
Réforme territoriale

André Laignel s'insurge dans une tribune contre le projet de réforme territoriale

Dans une tribune envoyée hier à la presse, André Laignel, maire d’Issoudun, premier vice-président délégué de l’AMF et président du CFL, fait part de ses critiques contre le projet de réforme territoriale présenté par le gouvernement. Pour lui, les « grandes lignes »  de cette réforme « se résument en trois mots : extension, dévitalisation, évaporation ».
André Laignel s’oppose à l’extension des compétences des régions et des intercommunalités. « La course à l’agrandissement doit plus à l’esprit de système qu’à celui de finesse. Ainsi, si certaines fusions relèvent du bon sens, d’autres confinent à l’absurde. Ni le nombre d’habitants ni la superficie d’un territoire ne font la puissance d’une région. La décentralisation, c’est rapprocher le pouvoir du citoyen ; ici, c’est l’inverse qu’on nous propose », écrit-il.
Le maire d’Issoudun s’insurge ensuite contre la « dévitalisation », selon l’expression d’André Vallini, qui « serait le sort réservé aux départements ». « Si la question de la pertinence du département peut se poser en milieu urbain, sa nécessité est avérée dans l’espace rural dont les métropoles régionales seront souvent très éloignées et les intercommunalités – même à 20 000 habitants - insuffisamment fortes », argumente-t-il.
André Laignel estime enfin que l’actuel projet de réforme va conduire à « l’évaporation »  des communes. « Inacceptable »  à ses yeux.
« Le projet annoncé est celui de la dilution des communes, écrit-il. Cela se traduit par une série de mesures en direction de l’intercommunalité : transfert massif de compétences, suppression de la définition de l’intérêt communautaire par les communes, extension à 20 000 habitants du seuil minimum, élection au suffrage universel des intercommunalités les transformant ainsi en collectivités territoriales, ce qui aggraverait l’empilement des structures et obligerait à une révision constitutionnelle ». « Nous sommes convaincus de la nécessité de la coopération intercommunale, mais elle doit être un outil au service des communes et non l’instrument de leur extinction. La commune doit rester l’échelon de proximité, de solidarité et de citoyenneté », défend à nouveau André Laignel.
Le président du CFL rappelle aussi que « cette réforme va se télescoper avec un étouffement financier programmé, représentant entre 2014 et 2017 une ponction cumulée de 28 milliards d’euros, auxquels il faudra ajouter l’érosion due à l’inflation et les inévitables contraintes nouvelles ». « Les conséquences sont prévisibles, elles risquent d’aggraver la situation du pays par la baisse massive des investissements et l’affaiblissement des services publics locaux alors qu’ils sont les derniers amortisseurs de la crise et de ses effets quotidiens pour la plupart des habitants », ajoute-t-il. Avant de conclure que « la sagesse imposerait de réformer la réforme ».

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