Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 8 juin 2006
Départements

Des conseillers généraux plus politisés et plus spécialisés, selon une étude de l'Union des conseillers généraux de France (UCGF)

La décentralisation et le développement des cantons «rurbains», lié à l'évolution des choix résidentiels, ont modifié l'image et le rôle des conseillers généraux, loin désormais du mythe du notable de la IIIe République, selon une étude. Réalisée pour l'Union des conseillers généraux de France (UCGF) par Jean-Philippe Roy, maître de conférence en sciences politiques, cette étude montre que les quelque 4.223 conseillers généraux français sont de plus en plus politisés, spécialisés et aspirent à voir reconnaître leurs compétences accrues par un véritable statut. Cette radioscopie, effectuée à partir des réponses de 1.007 élus cantonaux à un questionnaire, fait d'abord apparaître un portrait-robot sans surprise. Les conseillers généraux sont massivement des hommes (87,6%), de plus de 50 ans (75,1%), au moins au niveau bac (84,2%), qui, lorsqu'ils ne sont pas retraités (38,4%) sont salariés du public ou travailleurs indépendants. Autre caractéristique: le lien très fort unissant mandats cantonal et municipal. 76,7% des conseillers généraux sont également maire, conseiller municipal ou membre d'un exécutif intercommunal. Derrière cette image convenue se dessinent des évolutions qui tordent le cou aux clichés. D'abord celui de «l'immobilisme» puisque 44,7% des conseillers en sont à leur premier mandat et 30,7% à leur second. La réputation «d'apolitisme» des conseillers généraux sort également écornée: un quart seulement (25,4%) déclarent n'appartenir à aucun parti. Parmi tous les autres se dessine une nette bipolarisation entre PS (29,7%) et UMP (30,2%). A droite, l'UDF (5,8%) n'apparaît que comme force d'appoint. Idem à gauche avec un PCF à 4% et un PRG à 2,3%, chiffres qui témoignent du déclin du communisme rural et du radicalisme dans leurs zones d'implantation traditionnelle. Ces phénomènes s'expliquent par un facteur conjoncturel - forte poussée du PS aux cantonales de 2004 - mais aussi par une raison structurelle: la poussée des territoires «rurbains», fruit du débordement des villes et des mouvements de population. Les cantons ruraux sont aujourd'hui minoritaires face aux cantons urbains (22%) ou «mixtes» (29,9%) et le traditionnel clivage rural/urbain compte désormais moins que celui opposant cantons de droite et cantons de gauche (39,7% contre 54,8%). L'étude montre que les élus ont une vision départementale de plus en plus homogène, directement liée aux compétences nouvelles accordées aux départements par la décentralisation, notamment dans le domaine de l'action sociale et de l'aménagement. Perçue comme un élément de légitimité du conseil général, notamment face à l'Etat, cette mission peut d'ailleurs être facteur de consensus: 81% des conseillers estiment qu'on peut trouver un accord quand l'intérêt général est en cause. Pour ces élus qui consacrent en grande majorité au moins 2 jours par semaine à leur mandat, celui-ci est devenu un véritable métier (74,8%). A 70%, ils souhaitent donc un statut assorti de garanties nouvelles, notamment en matière de retraite et de formation.c=

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