Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 18 février 2002
Sécurité

La délinquance est-elle réellement en train d'exploser en France ?

Première préoccupation des Français, l'insécurité est aussi le principal sujet d'affrontement entre la droite et la gauche dans la campagne présidentielle. La délinquance est-elle réellement en train d'exploser en France ? Les données disponibles ne permettent pas de trancher le débat. Les statistiques 2000 et 2001 révèlent une forte augmentation de la délinquance mais le sentiment d'insécurité relayé par les sondages semble surtout lié à l'incidence des crimes et délits sur la vie quotidienne des Français. En dix ans, la délinquance a progressé de 8,5%, avec des pics en 1994 (3,92 millions de faits constatés) et en 2001. Avec 4,06 millions d'infractions, l'année 2001 surpasse de 16,3% 1997 et de 10,8% 1995. Plus de la moitié des faits (54,2 %) se sont déroulés dans quatre régions : Île-de-France (un quart des infractions, +6,3% en 2000), Provence-Alpes-Côte d'Azur, Rhône-Alpes et Nord-Pas-de-Calais. Parmi les 26 départements considérés comme les ''plus sensibles'', figurent les Yvelines, l'Essonne, la Seine-Saint-Denis, le Nord, le Pas-de-Calais, la Seine-Maritime, les Bouches-du-Rhône, le Rhône, le Haut et le Bas-Rhin. Encore faut-il souligner que les statistiques reflètent surtout l'activité policière : certains délits sont systématiquement rapportés, comme les meurtres, d'autres pratiquement pas, comme certaines violences physiques. C'est pourquoi un rapport parlementaire récent préconise la création d'un observatoire national de la délinquance pour centraliser les données, ajouter de nouveaux indicateurs et réaliser des ''enquêtes de victimation'', dans lesquelles les personnes disent si elles ont été agressées récemment. Reste que les chiffres de la délinquance ne peuvent que conforter le sentiment d'insécurité qu'éprouvent plus de la moitié des Français (54%, sondage CSA, novembre 2001). Mais s'ils trouvent les moyens insuffisants (73%, sondage IFOP) et la justice pas assez sévère (35 %), les Français dénoncent aussi la précarité due à l'emploi et les inégalités sociales. Ils font néanmoins confiance à la police et à la gendarmerie (83%) pour les protéger. Ce sentiment d'insécurité généralisé est surtout dû à l'accroissement des incivilités - peu quantifiables - et à la délinquance sur la voie publique (cambriolages, vols de voitures, destructions et dégradations de biens, vols avec violence...). Quatre personnes sur cinq s'inquiètent surtout pour leurs proches ou leurs biens, selon le sondage CSA. L'impact des vols et dégradations sur la vie quotidienne explique largement la méfiance, voire la peur des ''jeunes''. Les mineurs sont aujourd'hui responsables de plus d'un tiers de la délinquance de voie publique, soit plus du double de 1992, et surtout ils sont les auteurs de 70% des délits concernant les biens privés. Le gouvernement de Lionel Jospin n'est pas resté inactif face à cette situation. Avec la création de la police de proximité, déjà préconisée en 1975 par le rapport Peyrefitte, le Premier ministre a rompu avec l'angélisme traditionnel de la gauche sur les questions de sécurité. Annoncée à Villepinte en 1997 et lancée en 1999, la police de proximité devrait concerner 91 départements d'ici à la mi-2002 mais ses effets positifs se font déjà sentir dans les zones couvertes, selon les autorités. Ce rééquilibrage est allé de pair avec les contrats locaux de sécurité (CLS), dont 550 ont été conclus et 200 sont en passe de l'être entre l'Etat et les acteurs locaux. Le bilan des CLS, qui emploient 15 000 jeunes, est mitigé, faute de moyens entre autres. Ce manque criant de moyens a été, à l'automne dernier, au centre du ''malaise'' des policiers et des gendarmes. Face à cette vague de mécontentement sans précédent, le gouvernement a mis en avant l'augmentation constante des effectifs de la police et de la gendarmerie. Ces dernières ont vu leurs effectifs progresser de 8% entre 1997 et 2000, contre 3,5% entre 1993 et 1995. Quant à la justice, son budget a augmenté de 28% ces cinq dernières années<

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