Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mardi 29 novembre 2005
Élus locaux

Cumul de mandat de maire et de portefeuille: ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas

L'autorisation «exceptionnelle» accordée par Jacques Chirac et Dominique de Villepin à Jean-François Copé, pour reprendre la mairie de Meaux (Seine-et-Marne) – tout en restant porte-parole du gouvernement et ministre délégué au Budget – «suscite ironie et jalousie», rapporte le "Figaro" (29/11). Le quotidien note que le gouvernement Villepin compte désormais trois catégories de ministres: «ceux qui cumulent sans autorisation (Nicolas Sarkozy, Pascal Clément, Christian Estrosi et François Baroin); ceux qui aimeraient cumuler mais qui se sont conformés bon gré mal gré à la règle imposée par Jacques Chirac en 2002 et, enfin, le cas Copé, seul ministre cumulard toléré.» Sur les trente et un ministres du gouvernement actuel, onze ont dû quitter leur fauteuil de maire lors de leur entrée dans les équipes successives de Jean-Pierre Raffarin ou de Dominique de Villepin. Si aucun d'entre eux n'a abandonné son mandat local de gaieté de coeur, plusieurs affirment qu'ils ne pourraient pas cumuler leur exécutif local avec leur portefeuille ministériel. Ministre de l'Agriculture et ancien maire de Saint-Georges- de-Didonne (Charente-Maritime), Dominique Bussereau le dit tout net : «Ministre, c'est un boulot à plein temps.» Le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, a pris encore plus de distance avec sa ville de Valenciennes. Premier adjoint sans délégation, il ne participe plus aux séances du conseil municipal. «Sa présence est assez symbolique, admet-on dans son entourage. Mais les élus de Valenciennes savent qu'ils peuvent compter sur lui pour pousser un dossier.» Parmi les bons élèves figure aussi Michèle Alliot-Marie qui n'envisage pas de reprendre sa mairie de Saint-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques). Seul ministre UDF et deuxième adjoint au maire d'Amiens (Somme), Gilles de Robien, qui a déjà annoncé qu'il solliciterait un quatrième mandat en 2008, restera «respectueux» de la règle fixée par le chef de l'Etat. Ministre de l'Environnement, Nelly Olin n'envisage certainement pas de cumuler. Une fois qu'elle ne sera plus ministre, l'ancien maire de Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise) prendra... sa retraite. Après avoir renoncé à leurs mairies de Rambouillet et de Toulouse, Gérard Larcher ou Philippe Douste-Blazy se font discrets sur le sujet. Mais d'autres ministres ne rêvent pas de retraite mais de cumul. Beaucoup envient donc Jean-François Copé. Interrogé sur le sujet, l'autre élu de Seine-et-Marne du gouvernement, Christian Jacob, répond par un rageur «No comment». Façon de dire pour l'ancien maire de Provins qu'il aimerait bénéficier de la jurisprudence Copé. Ministre de la Recherche, François Goulard ne dissimule pas son opposition à la règle anticumul : «Une mauvaise mesure» pour ce ministre villepiniste. Mais c'est surtout le caractère sélectif de la règle qui agace ceux qui ont appliqué à la lettre la consigne chiraquienne. Déjà Hubert Falco et Marie-Josée Roig s'en étaient affranchis en toute impunité en conservant leur fauteuil de maire de Toulon et d'Avignon. En revenant dans le gouvernement au printemps, Nicolas Sarkozy a porté un coup fatal à cette règle en refusant de lâcher la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine, comme celle de l'UMP. Fournissant un alibi parfait à Pascal Clément et à Christian Estrosi, patrons de leurs départements respectifs, la Loire et les Alpes-Maritimes. «Je fais comme Nicolas», admet le ministre de l'Aménagement du territoire.c=ht

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