Maire-info
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Édition du vendredi 23 septembre 2016
Economie

Une étude bat en brèche les clichés sur les entrepreneurs dans les quartiers sensibles

Non, les créateurs d'entreprises dans les quartiers sensibles ne sont pas des chômeurs en mal d'activité. Non, leurs sociétés ne sont pas plus petites que les autres. Une étude, publiée mardi, contredit les clichés sur les entrepreneurs des zones urbaines sensibles (Zus).
Ils sont « jeunes, diplômés et actifs »  lors de la création de leur entreprise. « Ce ne sont pas des chômeurs qui créent leur emploi », constate une étude intitulée « Entreprendre dans les quartiers », réalisée par Bpifrance et le cercle de réflexion Terra Nova.
Dans le détail, 53 % de ces chefs d'entreprise ont moins de 40 ans, 73 % ont au moins le baccalauréat et 84 % étaient actifs au moment de la création de leur société. Les femmes dirigeantes, en revanche, sont plus rares que dans le reste du pays.
La taille et les secteurs d'activité des 76 000 entités de la base du cabinet Altarès étudiées contredisent également le cliché de la micro-entreprise (2 ou 3 salariés) offrant surtout des services aux particuliers.
Les PME employant plus de 10 personnes sont plus représentées dans les Zus (10 %) que dans la moyenne nationale (2 %). Le principal domaine d'activité est le service aux entreprises, même si souvent à faible valeur ajoutée, comme le gardiennage ou le nettoyage.
Particularité de cet entrepreneuriat: il s'appuie sur un écosystème local très solidaire. « Les entrepreneurs issus des quartiers apportent leur expérience et leur réseau (et financent certains projets), les associations de quartier détectent et accompagnent les jeunes entrepreneurs, les réseaux tels que l'ADIE (microcrédit) et France Active (accompagnement à la création d'entreprises) apportent leur appui », détaille le document.
Ces entrepreneurs servent de modèles aux plus jeunes, contre le « frein psychologique », principal obstacle à l'entrepreneuriat dans ces quartiers. L'informaticien à succès Mohamed Haddou a ainsi lancé l'association Créo, qui a incubé 490 entreprises en 10 ans en Seine-Saint-Denis, et contribué à créer 1 000 emplois.
Au titre des difficultés, les entrepreneurs dans les Zus citent avant tout l'accès aux financements. « Le positionnement des banques sur des produits spécifiques aux entreprises des quartiers est une des réponses possibles à leur apporter », recommandent les auteurs.
Pour eux, le « maillon manquant »  est l'accompagnement de la croissance de ces PME: « Leur écosystème reste encore très local, ce qui peut créer un plafond de verre pour le développement. » 
Les analystes suggèrent de renforcer les associations de quartier mais aussi d'encourager les relations d'affaires avec les grands groupes. L'Adive (Agence pour la diversité entrepreneuriale), par exemple, met en relation des entrepreneurs de quartiers prioritaires et des services achats de multinationales. (AFP)

Télécharger l’étude.

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