Maire-info
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Édition du mardi 11 avril 2017
Migrants

Détruit par un incendie, le camp de Grande-Synthe ne sera « pas reconstruit »

Triste fin pour le camp de réfugiés de la Linière, à Grande-Synthe, qui a été ravagé cette nuit par un incendie. Selon le préfet du Nord, le camp ne sera pas rouvert et les réfugiés ont vocation à être dirigés vers les CAO (centres d'accueil et d'orientation).
Ce camp, unique en son genre dans le pays, a ouvert il y a un an, après des mois d’un âpre combat du maire de Grande-Synthe, Damien Carême. Sa commune accueillait en effet auparavant un camp improvisé, le camp du Basroch, dont les termes les plus souvent utilisés pour le qualifier étaient « cloaque »  et « innommable »  et qui était surnommé « le camp de la honte ». En coopération avec Médecins sans frontière (MSF), le maire s’est battu plusieurs mois avec l’État pour que le camp de Basroch soit fermé et remplacé par un camp répondant aux normes sanitaires internationales recommandées par le Haut commissariat aux réfugiés. L’État, qui ne souhaitait pas l’ouverture d’un nouveau camp à quelques encablures de celui de Calais, a longtemps résisté, avant de donner son feu vert en janvier 2016. À l’époque, ce fut un immense soulagement pour Damien Carême, qui expliquait dans la presse que les conditions dans lesquelles étaient contraints de vivre les réfugiés à Basroch le rendaient « physiquement malade ». L’ouverture du nouveau camp marquait pour lui « la fin d’un cauchemar ».
Le camp de Grande-Synthe, équipé de sanitaires, de cuisines de campagne et de baraquements en dur, dont le financement a reposé en grande partie sur la commune et sur MSF, n’avait pas vocation à être pérenne, a maintes fois expliqué le Damien Carême. Mais personne n’imaginait une fin aussi brutale que celle qui s’est déroulée hier.
C’est en fin de journée, hier, que de violentes « rixes »  ont éclaté dans le camp entre réfugiés de nationalités différentes. Selon les autorités, ce pourrait être la capacité insuffisante du camp qui aurait conduit à l’éclatement de ces bagarres, les réfugiés les plus récents étant contraints de dormir dans les cuisines. Plusieurs personnes ont été blessées lors de ces rixes. Par la suite, sans que l’on sache à cette heure plus précisément ce qui s’est passé, des incendies « criminels », selon le préfet Michel Lalande, ont été allumés. La plupart des abris étant en bois, l’incendie s’est rapidement propagé et dans la nuit, les trois quarts du camp ont été ravagés.
Une partie des 1500 migrants occupant le camp ont été évacués dans des gymnases mis à disposition par la commune. D’autres se retrouvent livrés à eux-mêmes, ayant encore une fois tout perdu.
Pour le préfet, c’est la fin du camp de Grande-Synthe : « Il n’est pas question d’y remettre un jour des chalets, et le camp ne pourra pas être reconstruit », déclare ce matin Michel Lalande dans La Voix du Nord. Pour le préfet, les camps de réfugiés ne sont pas une solution, et il a appelé ce matin, plutôt que de concentrer les réfugiés dans des camps, à ventiler le plus possible les personnes vers les CAO qui existent sur tout le territoire.
F.L.

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