Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 24 juin 2016
Europe

Brexit : séisme sur l'Europe

La nouvelle est tombée aux petites heures de l’aube : contrairement à ce qui semblait se dessiner hier soir, le référendum sur l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’Union européenne a donné une victoire aux partisans de la sortie. Ce sera donc le « Brexit »  – un véritable coup de tonnerre sur l’Europe.
David Cameron, le Premier ministre britannique, a perdu son pari, lui qui a été à l’origine de l’organisation de ce référendum. Après une campagne marquée par un ton particulièrement violent et, il y a une semaine, l’assassinat d’une députée pro-européenne, 51,9 % des électeurs britanniques ont voté pour sortir de l’Union, comme y appelait notamment le nouveau parti populiste Ukip qui a émergé Outre-Manche lors des dernières élections européennes. David Cameron a annoncé ce matin sa démission, pas immédiate mais probablement à la fin de l’été.
Premières conséquences concrètes : les marchés financiers s’effondrent (la Bourse de Paris perd plus de 8 % ce matin) et la livre sterling s’est retrouvée dès cette nuit à son plus bas niveau depuis trente ans. La possibilité d’un krach boursier, avec des conséquences catastrophiques pour les balbutiements de retour à la croissance observés ces derniers mois, est donc le premier élément qui sera scruté aujourd’hui.
Pour le reste, les conséquences de cette décision interviendront à plus long terme. Le résultat du référendum ne signifie pas que la Grande-Bretagne va sortir de l’Europe ce matin : il faudra plusieurs années (entre deux et dix, selon les spécialistes) pour « organiser »  la sortie, qui suppose de renégocier des milliers de textes, traités, accords économiques, etc. C’est l’article 50 du Traité de Lisbonne qui va à présent être activé, article qui précise : « L’État membre qui décide de se retirer notifie son intention au Conseil européen. À la lumière des orientations du Conseil européen, l’Union négocie et conclut avec cet État un accord fixant les modalités de son retrait, en tenant compte du cadre de ses relations futures avec l’Union. » 
C’est même l’unité de la Grande-Bretagne qui semble menacée ce matin : l’Écosse, qui a voté massivement en faveur du maintien dans l’UE, pourrait par exemple organiser un nouveau référendum, à la lumière de cette nouvelle actualité. On se souvient qu’en septembre 2014, l’Écosse n’était pas passée loin de quitter la Grande-Bretagne par référendum. Ce matin, la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a déclaré que l’Écosse « voyait son avenir au sein de l’UE », tandis que des dirigeants irlandais évoquent déjà une réunification de l’Irlande, hors de la Grande-Bretagne.
Ces résultats donnent également des ailes à toute l’extrême droite européenne. Dans plusieurs pays, les dirigeants des partis souverainistes et anti-immigration ont donné de la voix dès ce matin pour réclamer à leur tour un référendum sur la sortie de l’Union. Cela a notamment été le cas du Front national, en France, Marine Le Pen parlant ce matin de « victoire de la liberté »  et demandant l’organisation d’une telle consultation en France.
Pour éviter une contagion à l’échelle européenne, plusieurs chefs d’État ont d’ores et déjà indiqué qu’ils comptaient faire payer à la Grande-Bretagne le prix fort de son départ de l’Union. « Dehors, c’est dehors », déclarait ainsi avant-hier le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui prévenait les électeurs britanniques du risque d’une « automutilation »  et d’un risque, en cas de Brexit, « d’endommager tout ce que nous avons construit ensemble ».
En fin de matinée, le président de la République française, François Hollande, devait s'exprimer au sortir d’une réunion de crise convoquée à l’Élysée, en présence de plusieurs ministres et du commissaire européen Pierre Moscovici. Un Conseil des ministres extraordinaire aura lieu à 16 h.

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