Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 16 mai 2017
Interview

Gérard Peltre : l'Union européenne doit prendre en compte les dynamiques territoriales

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© D.R.
Le Comité des régions de l’Union européenne et l’association internationale Ruralité-Environnement-Développement (RED) ont organisé début mai, à Bruxelles, une journée de réflexion sur l’avenir de la politique européenne de développement rural. L’occasion pour Gérard Peltre, ancien maire, président de RED et du Mouvement européen de la ruralité, de défendre l’adoption d’un « Agenda européen pour la ruralité ».

Pourquoi lancer maintenant cette réflexion sur le développement rural ?
La Commission européenne devrait, en principe, présenter fin 2017 ses premières propositions pour réviser la Politique agricole commune (Pac) et son programme de développement rural pour l’après 2020. Or les conséquences budgétaires du Brexit, qui pèsent aussi sur le devenir de la politique de cohésion, pourraient conduire à des ajustements de la Pac peu favorables aux territoires ruraux.

Pourquoi l’Europe aurait-elle besoin d’un « agenda pour la ruralité » ?
Les doutes qui s’expriment sur le projet européen, en particulier dans les régions rurales, créent une demande pour davantage de cohésion territoriale. Or le Comité des régions constate la réduction des fonds européens pour les territoires ruraux. La majorité des fonds consacrés au « développement rural »  dans la politique agricole commune vont à des projets purement agricoles.
Il y a, en fait, une confusion entre agriculture et développement rural. Il y a dans les territoires ruraux de nombreuses activités non agricoles, de plus en plus d’habitants que j’appelle « résidents entrepreneurs »  qui développent leur propre activité. Par exemple dans les domaines du conseil, dans le tertiaire, le design… Leur potentiel d’innovation, de croissance mais aussi leurs besoins doivent être pris en compte. Nous ne voulons pas opposer agriculture et territoires ruraux, pôles ruraux et pôles urbains mais faire prendre en compte toutes ces réalités.

Un « agenda rural »  ne risque-t-il pas de créer plus de bureaucratie ?
L’agenda rural serait un document stratégique pour stimuler, faire prendre en compte et accompagner les dynamiques locales dans toutes les politiques européennes. Il ne s’agit pas de créer plus d’administration ou des moyens nouveaux mais de faire en sorte de décloisonner les approches, de les rendre plus fluides sur des objectifs de résultats partagés par tous les acteurs. C’est un peu ce qui a été introduit en France depuis 1980 avec le développement local et qui fonde les communautés de communes ou les pôles d’équilibre territoriaux et ruraux.

Quel serait l’avantage concret pour les élus locaux ?
D’abord une reconnaissance de leur travail et puis une visibilité à moyen terme sur les possibilités et les moyens pour agir! Le seul fait de « nommer les choses », de montrer que les territoires ruraux sont aussi des pôles de développement et d’innovation reconnus peut faire avancer les choses.

Avez-vous l’impression que cette idée a des chances d’aboutir ?
Cet objectif que nous portons avec le Mouvement européen de la ruralité gagne en tout cas de nombreux soutiens tant en France que dans les institutions européennes et dans d’autres pays. La Commission qui vient juste de sortir ses scénarios pour l’avenir de l’Europe ne s’est pas engagée sur ce sujet lors de la conférence de mai. Elle fait en revanche le même constat que nous sur l’inquiétude qui vient des territoires ruraux et la nécessité d’avoir une démarche territoriale globale… L’idée avance. La question, c’est ce que les Etats en feront.
Propos recueillis par Nathalie Steiwer

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