Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 21 avril 2004
Élections

Il y a 60 ans, les femmes françaises accédaient au droit de vote (mais 76 ans après les habitantes de l'Etat américain du Wyoming…)

Il y a tout juste 60 ans, le 21 avril 1944, le gouvernement provisoire du Général de Gaulle promulguait une ordonnance organisant les pouvoirs publics en France après la Libération, et qui donnait pour la première fois aux femmes françaises le droit de voter et d'être élues. Pour célébrer ce 60ème anniversaire, la ministre de la Parité et de l'Egalité professionnelle, Nicole Ameline, réunit mercredi à Paris les femmes ministres ainsi que des élues, des intellectuels et plusieurs électrices de 1945. Un message du président Chirac doit être lu lors de cette cérémonie. Les Françaises de plus de 21 ans n'ont, en fait, pu exercer leurs nouveaux droits que lors des élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945, puis de l'Assemblée constituante, le 21 octobre 1945. Mais l'ordonnance de 1944, qui stipulait dans son article 17, que "les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes", allait permettre à la France, à la traîne de ses alliés occidentaux, de rattraper son retard. Les premières femmes à voter furent en effet les habitantes de l'Etat américain du Wyoming en… 1869, suivies des Néo-Zélandaises (1893), des Australiennes (1902), des Finlandaises (1906) et des Norvégiennes (1913). En Grande-Bretagne, le mouvement des "suffragettes", créé par Emeline Pankhurst en 1903, avait remporté une demi-victoire avec l'octroi du droit de vote, en décembre 1918, aux femmes de plus de 30 ans. En France, une première loi, en 1907, avait permis aux femmes d'être électrices et éligibles aux conseils de Prud'hommes. Trois femmes avaient même exercé des fonctions gouvernementales, comme sous-secrétaires d'Etat dans le gouvernement du Front populaire de Léon Blum (SFIO) en 1936 : Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore et Irène Joliot-Curie. Mais il fallut attendre les grandes réformes menées à partir de 1944 pour que les Françaises acquièrent le droit de vote, ainsi que celui de prendre part à un jury de cour d'assises. Soixante ans plus tard, la porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes, Maya Surduts, estime toutefois que "l'affaire de la place des femmes dans la vie politique française est loin d'être réglée". "Il reste des résistances profondes, comme on l'a vu lors des élections régionales à l'issue desquelles une seule femme (Ségolène Royal, PS, en Poitou-Charentes, ndlr) a été élue à la tête d'une des 22 régions", a-t-elle déclaré. "La misogynie à la française est subtile, à tel point qu'aucune étude n'a jamais permis d'expliquer pourquoi la France, le pays du roman courtois, reste à la traîne de ses voisins", a-t-elle regretté. Un constat partagé par Marie-Jo Zimmermann (UMP), présidente de la Délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes, pour qui "du droit de voter et d'être élue à une véritable parité entre les femmes et les hommes, il reste encore du chemin à parcourir".

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