Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 23 avril 2002
Élection présidentielle

Les instituts de sondage tentent d'expliquer le décalage entre leurs prévisions et les résultats du premier tour

Après le choc du premier tour de la présidentielle au résultat inattendu, les instituts de sondage ont encore une fois fait figure d'accusés lundi. Tandis que BVA annonçait vouloir "rompre avec la tradition auto-justificatrice" de la profession en proposant un "premier retour critique" sans "tabou ni masochisme", CSA, en revanche, refusait de prêter le flanc aux critiques, mettant en avant le devoir de nécessaire prudence face à ces instantanés d'opinion. L'une des questions soulevées par le séisme politique de ce 21 avril est en effet récurrente : celle de la fiabilité des sondages pré-électoraux en "une période où le paysage électoral est bouleversé quasiment à chaque scrutin", comme le note Jérôme Sainte-Marie, directeur des études d'opinion à l'institut BVA, dans un communiqué diffusé lundi. Et sur ce terrain-là, Stéphane Rozès, directeur général adjoint du département d'études d'opinion chez CSA, tient à faire un rappel : les enquêtes pré-électorales "ne sont que des photographies" d'opinion, "les sondeurs ne pronostiquent pas" et ne font pas de politique-fiction. Certes, explique-t-il, le résultat du premier tour "m'a surpris. Mais ce qui me surprend encore plus c'est que ce que nous disons depuis dix ans ne soit pas entendu par les observateurs". "Jamais on ne trouvera dans ma bouche que Jacques Chirac et Lionel Jospin" devaient se retrouver au second tour. Stéphane Rozès ne pensait pas non plus à "Chirac et Le Pen". "Je ne parlais que des incertitudes", dit-il. Et aujourd'hui "on estime avoir bien travaillé". D'après Jean-Daniel Lévy, chargé d'études au département d'études d'opinion CSA, des mouvements se produisent dans l'opinion, dont on ignore jusqu'où ils iront, dans les semaines précédant le scrutin. Néanmoins, avance-t-il, les sondages de CSA ont montré "certains éléments de tendance", notamment "une forte baisse de Lionel Jospin, une baisse de Jacques Chirac et une forte montée de Jean-Marie Le Pen". A cela s'ajoutent, selon CSA, d'autres pourcentages : selon l'un de ces sondages, 17% des électeurs déclaraient qu'ils allaient se décider le jour-même, 22% les jours précédents et, dans une autre enquête, 46% disaient pouvoir changer d'avis. Au demeurant, "le premier sondage (CSA) qui nous a surpris" est celui publié le 2 avril dans "La Tribune", précise Jean-Daniel Lévy. Il ne portait pas sur des intentions de vote mais sur la capacité des différents candidats à répondre aux enjeux de la présidentielle, et sur un seul sujet Jean-Marie Le Pen arrivait en tête avec 20% contre 18% pour Jospin et 17% pour Chirac : celui sur la capacité à "faire reculer la délinquance et l'insécurité". "Là, nous avons commencé à nous poser un certain nombre de questions", dit-il en soulignant les difficultés posées par un travail réalisé à partir de données multiples : les déclarations spontanées des Français, les degrés d'incertitude ou d'indécision, etc., qui conduisent naturellement les sondeurs à "redresser" à la hausse ou à la baisse les scores originaux des candidats en fonction de leurs résultats électoraux antérieurs. Et dans le cas du président du Front national, les sondés ayant tendance à camoufler leur vote, il s'agit de relever les intentions de vote "brutes" en sa faveur. Chez CSA, donc, lundi, l'heure était à la sérénité. Mais du côté de BVA, on entendait "contribuer utilement à l'amélioration des méthodes" de la profession, en proposant un "premier retour critique". Avançant que BVA avait annoncé "plusieurs éléments clefs de la campagne", Jérôme Sainte-Marie, directeur des études d'opinion, souligne ainsi que l'institut "s'engage à fournir rapidement des préconisations méthodologiques à la hauteur du défi du 21 avril". S'il juge que le "recours aux pondérations politiques a vu sa pertinence confirmée" pour "l'évaluation du niveau réel des intentions de vote", il considère à l'inverse que le 21 avril "soulève à nouveau l'existence d'une population du silence", à savoir de larges catégories de personnes absente

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