Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 18 juillet 2003
Démocratie

A Nantes, le premier débat public prévu par la loi "démocratie de proximité"

Le débat public sur le nouvel aéroport de Nantes a été le premier mené dans le cadre de la loi «démocratie de proximité» qui prévoit la consultation de la population pour tout projet d'équipement d'intérêt général, mais les opposants au projet estiment que les jeux étaient faits d'avance. La synthèse du débat, publiée mardi, résume cinq mois et demi de discussions, soit plus de 70 heures d'échanges sur la pertinence d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, au nord de Nantes. "Le but de ce débat était d'informer les populations, de favoriser les échanges et d'enregistrer si des convergences partielles se dégageaient", explique Alain Bergougnoux, président de la Commission particulière du débat public (CPDP) sur ce projet. "Mais il n'était pas censé faire émerger un consensus. La CPDP joue un rôle de démineur pour permettre des négociations ultérieures", dit-il. Le rapport présente quatre positions. Les Verts s'opposent à tout nouvel aéroport, l'Association Solidarités Ecologie préfèrerait l'aménagement de la plate-forme Nantes-Saint Nazaire, une partie des riverains est favorable à l'idée d'un aéroport mais sur un autre site, et les milieux politiques et économiques locaux soutiennent le projet de Notre-Dame-des-Landes. Ces opinions se sont d'abord exprimées avec passion. Les premières réunions ont été des "séances de positionnement, d'information et... de défoulement", raconte Alain Bergougnoux, qui a dû interrompre l'une des rencontres. Mais, demandeurs d'informations, les opposants ont vite fait montre d'"une sagesse exemplaire", salue Alain Bergougnoux. "Nous avons eu la chance d'avoir des associations qui ont raisonné en terme d'intérêt général". Pour Joseph Caillaud, président de l'association de riverains Acipa, la procédure de débat public est "une avancée considérable pour la démocratie", si bien que "tous ont eu la volonté d'entrer dans la logique de débat et de respect". Cependant, il rapporte une frustration dans la population qui "se demande si la décision n'était pas prise avant l'ouverture du débat". Les précédents gouvernements et les grands élus de la région s'étant préalablement prononcés en faveur du projet, il pense que les opposants "ont été manipulés". Il déplore également que le débat ait été ciblé sur Notre-Dame-des-Landes, site choisi dès 1971. "Il aurait fallu laisser le débat ouvert et se demander quels étaient les sites potentiels dans la région", dit-il. Depuis 2002, le gouvernement doit trancher dans les trois mois suivant la clôture des débats. Le ministre des Transports Gilles de Robien, qui rendra donc sa décision avant le 15 octobre, n'est aucunement lié par le rapport de la CPDP. Deux débats portant sur la construction de lignes électriques - dans les Pyrénées et dans les Alpes - ont également été lancés.

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