Édition du jeudi 20 février 2003
Station d'épuration du Mont-Saint-Michel : le syndicat d'assainissement veut contraindre l'Etat à régler le problème des "bulles"
Après cinq ans de procédure, le syndicat d'assainissement du Mont-Saint-Michel entend contraindre l'Etat à remédier au problème de sa station d'épuration où se forment depuis 2000 des bulles de gaz en surface des bassins.
La station d'épuration par lagunage du Mont, une station-pilote d'environ 500 000 euros inaugurée en 1995, a vu ses premières bulles apparaître en 2000 après l'effondrement des digues qui a commencé en 1997.
L'effondrement de ces digues dû vraisemblablement, selon les expertises, à l'absence d'un système "antibabillage" - qui permet d'éviter la formation de vagues à la surface des bassins - et à la présence de vents dominants, a rapidement entraîné la formation, dans le sous-sol des quatre bassins de décantation, d'une dégradation biologique et la formation de gaz.
De fait, les cinq hectares de revêtement étanche qui recouvrent le fond des bassins se détendent sous la pression des gaz et viennent percer la surface, formant une multitude de petites îles dans les bassins, explique Michel Joué, président du syndicat et maire d'Ardevon (Manche).
Un paysage qui attire depuis trois ans les oiseaux mais aussi la curiosité et le sourire des touristes, selon M. Joué. "On distribue des tickets à l'entrée de la station", ironise-t-il.
L'évolution de ces bulles représente un danger en raison du gaz inflammable qu'elles retiennent et d'un éventuel phénomène de pollution qu'elles pourraient générer.
Le syndicat d'assainissement a entamé en 1997 une bataille juridique contre le maître d'uvre, la Direction départementale de l'Équipement (DDE) de la Manche, et l'entreprise chargée des travaux, la SAUR.
Le 18 juin 2002, un jugement du tribunal administratif de Caen a déclaré l'Etat et l'entrepreneur responsables à parts égales du défaut de conception et les a condamnés chacun à une provision de 200 000 euros d'amende, a expliqué l'avocat du syndicat, Maître David Gorand.
Le tribunal a aussi ordonné une expertise, la quatrième sur le site, pour déterminer les causes exactes de ces gonflements et savoir à qui elles sont imputables, l'Etat ou l'entrepreneur. Ce dernier a interjeté appel de la décision.
Les responsables du syndicat attendent désormais des solutions radicales pour remédier au problème.
"On rase tout et on recommence, il faut arrêter de bricoler", préconise M. Joué, en s'appuyant sur les conclusions du premier expert qui a inspecté le site. Selon M. Joué, les coûts d'une reconstruction de la station seraient équivalents à ceux d'une réparation, soit environ 1,2 million d'euros.</scrip
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