Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 6 novembre 2012
Eau et assainissement

Jean Launay, nouveau président du Comité national de l'Eau : « L'eau n'est pas un sujet suffisamment pris en compte par les élus »

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© A. Faidy
Jean Launay, député-maire de Bretenoux (Lot) et trésorier général de l’Association des maires de France, a été nommé président du Comité national de l’Eau (CNE), par décret du 24 octobre dernier, en remplacement de l’ancien député du Pas-de-Calais, André Flajolet.
Le CNE a notamment pour mission de donner son avis sur les problèmes communs à plusieurs bassins hydrographiques, ainsi que « sur les problèmes d’aménagement des eaux ayant un caractère national » (loi sur l’eau et les milieux aquatiques, n°2006-1772 du 30 décembre 2006).
Pour Maire info, Jean Launay livre quelques-unes de ses idées sur son mandat.

Que représente, pour vous, le Comité national de l’eau ?
C’est une instance de débat, de confrontation et de concertation de tous les acteurs de l’eau – aussi bien élus, socio-professionnels qu’usagers. Son président travaille en lien direct avec la direction de l’Eau et de la Biodiversité, et il est nommé par le ministère de l’Écologie. On dit souvent que les Comités de bassin sont les Parlements des Agences de l’eau. Eh bien, j’ai coutume de dire que le Comité national de l’eau est le Parlement des Parlements. 

De quelle manière les maires sont-ils impliqués dans la gestion de l’eau ?
J’aborde cette fonction avec la volonté de faire en sorte que les élus prennent de plus en plus leur place dans tous les grands débats qui touchent à la gestion de l’eau. L’eau n’est peut-être pas encore un sujet suffisamment pris à bras-le-corps par les élus. Je suis convaincu qu’ils doivent, plus encore, s’emparer de ces sujets. Les maires doivent savoir que l’on a affaire à des sommes qui ne sont pas neutres : les budgets des Agences de l’eau pour les cinq années qui viennent, représentent 13,5 milliards d’euros ! Et, je le précise, ce sont des financements qui ont un caractère vertueux : 98% de ces budgets sont dépensés pour de l’investissement, et donc participent à la croissance, au développement des entreprise, à l’emploi. Ce sont donc des budgets gagnants-gagnants, et il importe que les élus s’y penchent.

Quels vont être les grands dossiers des années à venir ?
Le précédent programme des Agences de l’eau a été marqué par l’obligation de remettre à niveau les stations d’épuration, comme l’exigeait la Deru (Directive sur les eaux résiduaires urbaines) au niveau européen. C’est aujourd’hui chose faite, en grande partie. L’avenir, c’est maintenant la directive cadre sur l’eau (DCE), qui impose aux États de se diriger vers le « bon état écologique » des eaux de surface comme des eaux souterraines. J’estime que nous avons peut-être été un peu ambitieux dans nos objectifs : nous nous sommes engagés à atteindre le bon état pour deux tiers des masses d’eau en 2015. Je crois, clairement, que nous aurons du mal. Sans remettre en cause les objectifs de la DCE, je pense donc qu’il faudra un peu plus de temps pour les atteindre.
D’autres dossiers seront sur la table. Je pense notamment aux conflits d’usage. Il existe un certain nombre de points contradictoires dans nos lois actuelles. Par exemple, on nous dit qu’il faut développer les énergies renouvelables et, notamment, l’hydroélectricité. Et en même temps, on explique qu’il faut lever le maximum de barrages sur les cours d’eau, pour des raisons de continuités écologiques. C'est ce type de contradictions, de conflits d’usages, que dans le cadre de mon mandat, je devrai arbitrer, pour obtenir des consensus.

Propos recueillis par F.L.

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