Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 19 septembre 2017
Catastrophes

Ouragan Maria : la Guadeloupe durement frappée

À peine dix jours après le ravage des îles des Antilles du nord par l’ouragan Irma, un autre cyclone, Maria, déferle ce matin sur les Antilles. Passé à une vitesse stupéfiante, en à peine 12 heures, de la catégorie 1 à la catégorie 5 – la plus violente – l’ouragan est en train de passer au sud de la Guadeloupe, qui a été placée en alerte violette.
L’œil – c’est-à-dire le centre – de l’ouragan est passé la nuit dernière sur l’île de la Dominique, juste à mi-chemin entre la Martinique, au sud, et la Guadeloupe au nord. C’est d’abord la Martinique qui a connu des pluies diluviennes et 50 000 personnes y sont privées d’électricité, selon la préfecture ; mais il semble ce matin qu’il n’y ait pas de victimes. À la Dominique – qui compte 70 000 habitants – la situation semble plus grave, l’île ayant été frappée de plein fouet. Les informations manquent ce matin sur la situation de ce petite État, mais un twitt de son Premier ministre, Roosevelt Skerrit, laisse présager le pire par ces mots glaçants : « La Dominique a perdu tout ce qui pouvait être perdu. »  La Dominique est nettement plus pauvre que les îles françaises, et donc beaucoup plus fragile du point de vue des infrastructures et des habitations.
Maria a donc continué son chemin en passant au sud de la Guadeloupe. La plus grande partie de l’île (Basse-Terre et Grande-Terre) est placée un peu au nord par rapport à la trajectoire de l’œil du cyclone, mais l’inquiétude règne ce matin sur le sort des deux îles des Saintes et de Marie-Galante, plus au sud. Le préfet de Guadeloupe, Éric Maire, a déclaré ce matin qu’il n’y a plus de nouvelles de Marie-Galante, les communications étant totalement coupées.
Cet ouragan génère, à son centre, des pointes vents à plus de 215 km/h. Mais, par rapport à Irma et ses vents à plus de 350 km/h, il s’agit davantage de ce qu’on appelle un ouragan de pluie : 400 à 500 mm de pluie pourraient tomber en 24 heures sur la Guadeloupe, ce qui correspond, pour avoir une idée, à dix mois de précipitations à Paris. Thierry Abelli, le maire de Bouillante, déclarait ce matin que « notre grosse inquiétude c’est la montée des eaux. On craint le débordement des rivières, des cours d’eau et des ravines. »  Selon le préfet, il est aussi à craindre d’énormes vagues, jusqu’à 10 mètres, qui vont déferler sur les zones basses de l’île, avec un risque sérieux de submersion marine.
Face au danger, les mesures les plus drastiques ont été décrétées. « Compte-tenu du risque important de submersions-inondations, de coulées de boue ou de glissements de terrains par endroit, le ministère de l'Intérieur appelle nos compatriotes de Martinique, Guadeloupe et des îles du Nord à suivre scrupuleusement les consignes délivrées par les préfectures. »  Certaines zones côtières du sud de la Guadeloupe ont été évacuées et un arrêté a été pris pour « interdire à toute personne d’entrer et de séjourner dans les zones à risque ». Dans le reste de l’île, ce sont des consignes de confinement absolu qui ont été délivrées par le préfet : « Ne sortez sous aucun prétexte. Réfugiez-vous dans la pièce la plus sûre de votre habitation. Éloignez-vous des ouvertures. » 
Il faudra attendre le milieu de journée, en métropole, pour avoir de nouvelles plus précises des dégâts occasionnés en Guadeloupe et sur les îles du sud. L’un des problèmes les plus graves que pose cet ouragan est qu’il oblige à interrompre les opérations de secours à Saint-Martin et Saint-Barthélemy – opérations qui ont précisément leur base arrière à la Guadeloupe, qui est, expliquait hier le ministre de l’Intérieur, « le centre logistique à partir duquel nous pouvions alimenter l'île de Saint-Martin et organiser l'ensemble des rotations aériennes et des approvisionnements ».
Il reste à espérer que les conséquences de ce cyclone seront moins dramatiques pour la Guadeloupe que celles provoquées par Hugo, en 1989, le plus terrible ouragan qu’ait connu l’île dans le dernier demi-siècle. Hugo avait laissé derrière lui, en Guadeloupe, 25 000 sans-abris et avait détruit 100 % de la production bananière.
F.L.

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