Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 11 septembre 2017
Catastrophes

Après Irma, la Guadeloupe en première ligne pour apporter de l'aide aux sinistrés

L’ouragan José, qui menaçait en fin de semaine dernière de provoquer de nouveaux dégâts sur les îles du Nord des Antilles, est finalement passé assez loin de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy pour ne pas ajouter au chaos. Depuis le passage d’Irma, dont le bilan humain a été revu à dix morts sur les îles françaises, les secours s’organisent et, selon les déclarations de la ministre des Outre-mer hier, « plus de 2000 personnes »  auront été à ce jour envoyées sur les îles pour participer aux secours ou aider au maintien de l’ordre.
Interviewé ce week-end dans la presse locale, Daniel Gibbs, le président de la collectivité de Saint-Martin, répète que l’île « a besoin de tout ». « Ce que j’ai vu est pétrifiant : le réseau électrique et téléphonique est à terre », le réseau d’eau est inutilisable, « pratiquement toutes les maisons et tous les commerces ont été touchés. On est sinistré à 100 %. » 
Les usines de dessalement d’eau de mer qui assurent la production d’eau potable (en l’absence de ressource en eau sur les deux îles) sont en partie détruites, a constaté Veolia, qui les exploite. Elles produisaient quelque 5 000 m3 par jour à Saint-Martin et 2 000 m3 à Saint-Barthélemy. En attendant leur remise en service – « pas avant plusieurs mois »  – des unités mobiles de dessalement devraient être acheminées, et des palettes d’eau seront apportées par voie maritime et aérienne. Quant à l’usine de traitement des eaux usées de Saint-Barthélemy, elle est « détruite à 80 % »  selon l’exploitant, la Saur.
Même constat alarmant concernant l’électricité. Lors d’une conférence de presse, Jean-Bernard Lévy, le patron d’EDF, a prévenu qu’il faudra « des semaines et des mois »  pour un retour à la normale de la production – les deux centrales présentes sur les îles sont complètement noyées. EDF prévoit d’acheminer sur place des groupes électrogènes et des pompes de grande puissance pour vider l’eau dans ses installations.
Du côté du voisin guadeloupéen, l’heure est évidemment à la mobilisation. Vendredi, plusieurs responsables du monde local se sont réunis pour faire le point : Jean-Claude Pioche, président de l’association des maires de Guadeloupe, ainsi que le délégué régional du CNFPT, la présidente du centre de gestion de la fonction publique territoriale et le président de l’association des cadres territoriaux, se sont déclarés à l’issue de leur réunions « prêts, dès la reprise des transports, à apporter un appui logistique, matériel, psychologique et humain aux personnels et aux élus »  des deux collectivités frappées par l’ouragan. « Conscients que la continuité des services publics est indispensable à un retour à la vie normale (…), ils ont choisi, dans le cadre de leurs compétences respectives, de porter leurs efforts sur l’accompagnement des élus et des fonctionnaires territoriaux, afin de faciliter la reprise de leur mission ».
Hier, autour du préfet de Guadeloupe, une autre réunion s’est tenue avec « l’ensemble des partenaires institutionnels », l’État, la région, le département et l’association des maires, afin de « coordonner les actions et initiatives pour aider les îles du Nord », a déclaré Jean-Claude Pioche. « Il faut avant tout organiser les aides », a expliqué le maire de La Désirade, « ce qui veut dire aussi éviter les actions indépendantes, même si elles sont de bonne volonté ». Des points de collecte ont été mis en place par les maires « dans presque l’ensemble des communes de Guadeloupe »  pour recueillir les dons de la population (vêtements, objets de première nécessité, couches, etc.). Ce sont ensuite les services de la région qui vont collecter ces dons, les acheminer vers le port et les emporter vers Saint-Martin. Le président de l’association des maires de Guadeloupe a conseillé d’éviter les « actions individuelles »  et non organisées, pour ne pas « encombrer le port de Marigot »  à Saint-Martin. Ces derniers jours en effet, plusieurs propriétaires de bateaux ont, de leur propre chef, fait la liaison entre la Guadeloupe et Saint-Martin pour apporter de l’aide ou proposer d’évacuer des personnes. Tout en évoquant une démarche « très courageuse »  et en « remerciant »  les marins et les équipages qui ont agi ainsi, Jean-Claude Pioche exhorté à travailler dans une démarche « organisée ».
Vendredi, le gouvernement a chargé la Fondation de France de centraliser les dons afin, a expliqué le Premier ministre, de « les répartir entre les associations et les organisations qui interviendront auprès de concitoyens sinistrés ».
L’AMF, quant à elle, invite les communes et les intercommunalités à contribuer et à relayer les appels aux dons pour secourir les victimes d’Irma. Elle a également demandé dès jeudi « la création urgente d’un fonds de soutien spécifique afin d’aider à la reconstruction des équipements publics essentiels à la population et invité les communes et intercommunalités qui le souhaitent à y contribuer ».
 
F.L.
Accéder à la page de dons sécurisés en ligne de la Fondation de France.

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