Maire-info
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Édition du mercredi 1er juin 2016
Énergie

Electrification de l'Afrique: Jean-Louis Borloo veut lancer un appel des maires de France à François Hollande

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© R. Bourguet
« Cette demi-heure est vitale. Ce qui se joue, c’est la croissance partenariale ou la guerre. S’il y a un sujet vital pour les maires de France, c’est bien ce qui va se passer dans les prochaines années sur le continent africain. »  L’ancien ministre de l’Environnement et maire de Valenciennes, Jean-Louis Borloo, désormais président d’Energies pour l’Afrique, a lancé, hier, un appel à la France à l’occasion du débat « communes de France et communes d’Afrique pour le Plan lumière ».
« Les chefs d’Etat africains ont voté, le Parlement panafricain a voté, la Commission européenne et les principaux commissaires ont donné leur accord, reste la voix de la France... », a-t-il martelé.
Accompagnant deux maires africaines (Célestine Ketcha-Courtès, maire de Bangangté au Cameroun et Oumou Sall Seck, maire de Goundam au Mali), Jean-Louis Borloo a donc appelé la France, à travers ses maires, à s’engager dans son plan Energies pour l’Afrique. « Ce que j’attends aujourd’hui c’est une déclaration ferme du président François Baroin [...], un appel des maires de France à la présidence française [François Hollande sera présent demain en clôture du Congrès des maires, ndlr] pour soutenir ce plan de paix pour l'Europe et l'Afrique ».
Dans le cas contraire, si ce programme ne voyait pas le jour, Jean-Louis Borloo alerte du risque encouru : « Une redistribution des implantations de population dans le monde »  via l’immigration. « 75 % des Africains n’ont pas accès à l’énergie, c’est-à-dire au monde moderne […] Si on ne leur donne pas ce coup de main, les Africains ne vont pas rester dans des endroits sans lumière, sans eau, sans espoir. Ils vont se déplacer. Sans compter les réfugiés climatiques... C’est donc un plan de paix extraordinaire », a insisté le président d’Energies pour l’Afrique qui a rappelé que l’électrification permettait l’accès à d’autres droits tels que l’eau, l’alimentation, l’assainissement, la santé, l’emploi, l’éducation, la sécurité…
« La femme africaine ne sera à parité que si elle est débarrassée de la corvée, que si elle ne doit plus aller chercher l’eau... Dégagée de cette corvée, la petite fille pourra se consacrer à l’éducation », a expliqué Célestine Ketcha-Courtès. C'est aussi pour cela que « ce projet très important pour le développement durable de l’Afrique et également pour la libération durable de la femme », a-t-elle ajouté.
« L’Afrique peut s’offrir son éclairage si elle a votre soutien moral et financier. En s’entraidant, nous pouvons changer les choses », a lancé à l'adresse des maires Oumou Sall Seck.
En jeu également, une croissance de « 10-12 % pour l'Afrique »  et de « 2 % pour l'Europe »  dans le cas d'une électrification complète du continent africain « dans sept ou huit ans ». « C’est une opération de sauvetage de l’Europe car le seul relais de croissance de l'Europe, c'est l'Afrique », a défendu Jean-Louis Borloo.
Ce dernier a donc plaidé pour que les communes de France et d’Afrique s'associent et agissent ensemble pour accompagner le développement du continent africain et la préservation des équilibres climatiques. Il demande une « amélioration des accords décentralisés ». « Avec François Baroin, nous allons mettre en place une plate-forme pour les maires qui souhaitent donner un petit coup de main en aidant une petite école en Afrique, par exemple, en faisant des parrainages... », a-t-il déclaré.
André Flajolet, maire de Saint-Venant et président de la commission environnement et développement durable de l’AMF, l'a soutenu dans sa démarche à l'occasion de ce débat : « Je crois que l’AMF peut et doit être ce partenaire que vous attendez ».
A.W.

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