Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 4 décembre 2017
Ecole

La médecine scolaire souffre toujours d'anémie

Les ministres de l’Éducation nationale et de la Santé, Jean-Michel Blanquer et Agnès Buzyn, souhaitent « renforcer l'accès à la santé pour les enfants de 0 à 6 ans ». « Cette action s’inscrit dans la stratégie nationale de santé qui a conclu sa phase de consultation publique le 25 novembre dernier », expliquent les ministères. Dans la foulée, les deux ministres ont présenté un ensemble de mesures lundi 27 novembre. Mais rien qui permette d'inverser le cours des choses s'agissant de la médecine scolaire. Tous les enfants de six ans sont censés passer une visite médicale en CP (6e année scolaire). Or, le nombre de médecins rend cette obligation impossible à réaliser. Cela n'a rien de nouveau. Mais la situation se dégrade d'année en année. « Aucune nouvelle mesure digne de ce nom pour revaloriser la médecine scolaire depuis la rentrée », regrette Martine Barré, secrétaire générale du SNMSU-UNSA Éducation. Avec « environ 900 ETP titulaires en exercice à la rentrée 2017, nos effectifs continuent de chuter inexorablement », explique-t-elle.
« La publication, début novembre, de deux décrets indiciaires pour les médecins de l'Éducation nationale est bien loin d’harmoniser leur carrière sur celle des autres médecins de la fonction publique. L’attractivité du métier de médecin de l’Éducation nationale n’est toujours pas à l’ordre du jour ce qui limite considérablement les possibilités de recrutement et condamne cette profession à l’extinction », précisait dans un communiqué le syndicat, la semaine dernière. Il continue de réclamer « l’alignement du statut des médecins de l’Éducation nationale sur celui des autres corps équivalents ».
La visite médicale se fait surtout à partir du mois de janvier, « car avant nous sommes très occupés par les visites pour les travaux réglementés et par les PAI (projet d'accueil individualisé) pour les maladies chroniques », explique Martine Barré, il est donc impossible d'évaluer encore le nombre d'élèves qui vont pouvoir bénéficier de la visite de la 6e année scolaire. Un rapport de l'Académie de médecine, paru début novembre, rappelle lui que le nombre de médecins scolaire a chuté « de 1 400 en 2006 à 1 000 en 2016 ». Leur répartition est également « très hétérogène »  , « allant de 2 000 à 46 000 élèves »  pour un seul médecin. Conséquence logique, le taux des visites pour les élèves de six ans « varie suivant les régions de 0 à 90 % ». En moyenne, « 57% des enfants ont eu un examen de santé pratiqué par un médecin ou par une infirmière en 2015 ».
Pour l'Académie, cette pénurie « menace la qualité et l'égalité du dépistage précoce et de la prévention, en particulier pour les grands problèmes de l'adolescence : échec scolaire, addictions, obésité, troubles neuropsychiques ». Un rapport de l'inspection de l’Éducation nationale daté de 2015 aurait lui aussi, semble-t-il, fait de cruels constats, mais ce rapport n'a pas été rendu public jusqu'à aujourd'hui. Récemment interrogé par un député sur sa possible publication, le ministre de l’Éducation nationale ne s'y est pas opposé. Mais il n'a rien promis.
E.S.

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