Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 11 février 2019
Crise des gilets jaunes

Dégâts occasionnés par les manifestations : la colère des maires de grandes villes

Le conseil d’administration de France urbaine a publié, hier, un communiqué exigeant « une réunion d’urgence »  avec le gouvernement afin de « déterminer les modalités d’indemnisation »  des dégâts occasionnés par les manifestations des Gilets jaunes.
Paris, Nantes, Rennes, Rouen, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Saint-Étienne, Dijon… Autant de villes qui, depuis le 17 novembre, sont chaque samedi le théâtre de manifestations parfois violentes, dont certaines ont occasionné des dégâts « se chiffrant en millions d’euros ». Comme l’explique France urbaine, ces dégradations affectent à la fois les commerçants (vitrines brisées, locaux parfois saccagés, pertes de fréquentation et donc de recettes…) et les collectivités (dégradations de biens publics, mobilisation des services de la ville).
Gaël Perdriau, maire de Saint-Étienne, a par exemple chiffré à « un million d’euros »  les dégâts occasionnés par les manifestations violentes en novembre et décembre. « Nos commerces souffrent énormément de ces manifestations, expliquait hier Gaël Perdriau dans la presse, et les centres-villes sont désertés par les habitants qui n’ont pas envie de se retrouver mêlés aux gaz lacrymogènes. Tout cela est en train de mettre en danger l’économie de nos villes. » 
À Bordeaux, la facture des dégâts serait, selon la mairie, de 1,2 million d’euros. À Caen, la seule manifestation du 2 février aurait occasionné 300 000 euros de dégâts sur le chantier du tramway. À Toulouse – dont le maire, Jean-Luc Moudenc, est président de France urbaine – la facture s’élèverait depuis novembre à 4,3 millions d’euros pour la commune, la métropole et l’opérateur de transports publics Tisséo.
La ville la plus touchée est naturellement Paris, où des manifestations plus ou moins violentes se déroulent depuis 13 semaines. Dans la capitale, la seule manifestation du 1er décembre avait, selon la maire Anne Hidalgo, occasionné « entre trois et quatre millions d’euros »  de dégâts. Avant-hier encore, plusieurs quartiers ont été le théâtre de dégradations (Assemblée nationale, boulevard Saint-Germain, Montparnasse, 15e arrondissement). Le maire du 15e arrondissement déplore aujourd’hui des dégâts très importants sur la voirie (mobilier urbain détruit, voitures incendiées, commerces saccagés) dus à de petits groupes qui se sont détachés du cortège principal, sans que les forces de l’ordre aient le temps de les suivre.

« Casseurs-payeurs » 
France urbaine demande donc un rendez-vous urgent avec les ministres Bruno Le Maire et Jacqueline Gourault « afin de définir les modalités d’indemnisation et d’accompagnement au nom de la solidarité nationale ». Notons que ce matin, interrogée sur Radio Classique, Jacqueline Gourault (ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales) n’a pas donné suite à cette demande de rendez-vous, mais a jugé « tout à fait normale »  la réaction des maires des grandes villes. Elle a toutefois rappelé que le gouvernement avait débloqué « 3 millions d’euros »  pour aider au dédommagement des commerçants, mais qu’à ce jour, le gouvernement n’avait « pas reçu suffisamment de dossiers pour les dépenser ».
À l’avenir, lorsque la proposition de loi visant à prévenir les violences lors des manifestations aura été adoptée, de nouveaux outils existeront en la matière, avec la nouvelle possibilité donnée à l’État d’entamer une action contre les fauteurs pour leur faire rembourser les dégâts (principe du « casseur-payeur » ). Rien n’existe à ce jour, dans le texte, pour donner aussi une telle possibilité aux collectivités territoriales.
Certains maires envisagent, également, d’engager une action contre l’État – qui est responsable de l’ordre public – pour lui faire prendre en charge les dégâts occasionnés par ces manifestations.
F.L.

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2