Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 8 mars 2018
Commerce

Revitalisation des centres-villes et des centres-bourgs : les élus veulent des financements pour « agir vite »

Transversalité, approche globale, nécessité d’agir vite… tels étaient quelques unes des préconisations de la rencontre organisée par l’AMF le 6 mars sur la revitalisation des centres-villes et centres-bourgs.
Coprésidée par Laurent Hénart, maire de Nancy et président de la commission développement économique, commerces et tourisme de l’AMF, et par Pierre Jarlier, maire de Saint-Flour, président de la commission aménagement, urbanisme, habitat et logement, la rencontre se voulait plus constructive et force de proposition que dénonciatrice d’une situation déjà maintes fois décrite.
Le constat était pratiquement le même chez tous les participants au débat : on ne peut se contenter d’agir sur le commerce. Il faut une politique d’intervention globale, alliant logement, culture, santé, politique foncière, etc. Et il faut agir vite. Où le bât blesse : les nombreux outils mis à disposition des collectivités sont complexes, sectoriels et mal financés. Le manque de cohérence de l’Etat a également été plusieurs fois souligné, lui qui n’hésite pas à implanter ses services publics en périphérie. « A Dax, je me bats avec Orange qui veut aller dans un centre commercial à l’extérieur. Pourtant, l’Etat est actionnaire d’Orange ! »  a déploré Elisabeth Bonjean, maire de Dax et présidente de l’agglomération Grand Dax, qui refuse cependant de se laisser « enfermer dans la critique des politiques publiques ».
« Il y a une énorme aspiration à quitter la grande ville pour aller dans des villes moyennes ou des centres-bourgs », a rassuré Philippe Moatti, professeur d’économie à l’Université Denis-Diderot. Ce sont ces villes qui offrent aux consommateurs d’aujourd’hui ce dont ils sont friands : authenticité, proximité, ralentissement du rythme… « Autant de valeur à exploiter », conseille-t-il, après avoir décrit les mutations à venir du commerce, dont une rétractation inéluctable. « Il va falloir s’occuper des friches commerciales... », a ajouté Pierre Jarlier.
Ce qui renvoie à la question financière. Lors d’une opération immobilière, la collectivité doit porter 50 % du déficit foncier, souligne Nicolas Sansu, maire de Vierzon. D’où l’inquiétude exprimée par les intervenants sur le financement du plan Action Cœur de ville : sera-t-il bien de 5 milliards d’euros comme annoncé ? Quelle sera sa pérennité ?
La nécessaire cohérence des actions publiques a été soulignée à plusieurs reprises. Cohérence du côté de l’Etat, qui doit maintenir les services publics (gares, tribunaux, hôpitaux, Pôle Emploi…) dans les villes moyennes et centres-bourgs. Mais cohérence également du côté des collectivités. « On ne réglera pas le problème de la complémentarité cœur de ville-périphérie sans urbanisme intercommunal », insiste Pierre Jarlier. Il souhaite, de plus, que l’urbanisme commercial soit intégré dans le droit de l’urbanisme. Brigitte Bariol-Mathias, déléguée générale de la Fédération nationale des agences d’urbanisme (FNAU) a souligné l’importance du « levier de l’espace public, qui fait le lien et rend désirables les centres-villes ».
En conclusion, pour Laurent Hénart, il est besoin d’une législation permettant d’aller plus vite sur l’urbanisme opérationnel, la maîtrise du foncier et la fiscalité. Quant à Pierre Jarlier, il pense qu’il faudra « des zones franches, revoir la révision des valeurs locatives commerciales et rendre le dispositif Malraux accessible aux particuliers dans les petites villes et les villes moyennes ». 
M.K.

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