Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 24 avril 2018
Collectivités locales

Quinze présidents de région prennent la plume contre la « recentralisation »

Dans une tribune publiée dans Le Monde, la presque-totalité des présidents de région, toutes tendances politiques confondues, s’en prennent au « comportement centralisateur »  du gouvernement, « en totale contradiction avec le discours girondin »  du président de la République.
Dans la foulée de la conférence de presse commune AMF-Régions de France-ADF du 10 avril (lire Maire info du 11 avril), c’est un nouveau coup de canif que des élus locaux adressent à l’exécutif. Malgré « l’attitude constructive et bienveillante »  de « l’immense majorité des élus locaux »  après l’élection d’Emmanuel Macron, il semble aujourd’hui aux présidents de région que « l’État veut décider seul ».
Les signataires de la tribune dénoncent pêle-mêle « les leçons de bonne gestion aux collectivités locales »  et les « carcans financiers et réglementaires », le fait que l’État « augmente de 25 000 le nombre de ses fonctionnaires »  quand les collectivités « réduisent de 7 000 le nombre d’agents territoriaux ». L’État « affaiblit les territoires alors qu’ils sont bien mieux gérés que lui ».
Le sujet central de cette tribune – et le président de Régions de France, Hervé Morin, l’avait déjà développé lors de la conférence de presse – est la réforme de l’apprentissage qui, selon les signataires, « va tout bonnement être privatisé et recentralisé ». Les centres d’apprentissage situés dans les territoires ruraux « vont être plongés dans de graves difficultés financières »  et, selon les estimations de Régions de France, « près de la moitié des CFA du pays risque de fermer ».
Mais l’apprentissage n’est pas le seul sujet de colère des présidents de région. La liste est longue : en matière de transports, ils rappellent que « seuls 25 % des crédits »  des contrats de plan ont été débloqués en 2017 (lire Maire info du 18 avril) ; ils dénoncent « l’incapacité de l’État à débloquer le versement des aides européennes aux agriculteurs », mais aussi « les lenteurs dans la suppression des « zones blanches »  numériques, le flou artistique de la politique de la ville sur le soutien à la redynamisation des quartiers, le lent déclin de nos grands ports d’État au profit de leurs voisins belges et allemands faute d’une politique portuaire décentralisée ».
Une fois encore, les présidents de région appellent l’État à « faire confiance aux collectivités »  et à en finir avec « des projets de loi, toujours façonnés par les grands corps de l’État nourris aux vieilles recettes de l’État jacobin ». La volonté « recentralisatrice »  de l’exécutif représente, pour eux, « une régression démocratique », « sans précédent depuis 1982 ».
« La décentralisation doit devenir la règle pour les politiques de proximité », concluent les présidents de région, « et l’État central l’exception ». « Que le président de la République ne s’y trompe pas : il ne réussira pas seul ».
Cette tribune a été signée par les présidents de onze régions de métropole sur douze – seul Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, n’a pas signé. Si les présidents des collectivités de Mayotte, de la Martinique, de La Réunion et de la Guyane se sont associés à l’appel, ce n’est pas le cas de ceux de la Guadeloupe et de la Corse. Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, a communiqué à ce sujet sur twitter : s'il n'a pas signé l'appel « parce que la Corse n'est pas une région », il assure les présidents de région de sa « solidarité »  et « partage leur refus de l'attitude jacobine et recentralisatrice du gouvernement ».
F.L.

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