Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 3 février 2006
Précarité

Chirac veut donner «une nouvelle impulsion» au micro-crédit

«Le micro-crédit constitue une voie prometteuse, et un instrument essentiel pour permettre aux personnes sans emploi de prendre en main leur destin, en se réinsérant sur le marché du travail ou en créant leur propre activité», a dit le chef de l'Etat, cité par son entourage, en réunissant des représentants des banques, des associations et deux maires de grandes villes, Jean-Marie Bockel, maire de Mulhouse, et Antoine Rufenacht, maire du Havre. Le micro-crédit consiste à octroyer des prêts de faible montant - de 150 à 10.000 euros - et à court terme aux exclus du système bancaire, dans les conditions du marché, afin notamment qu'ils créent leur propre activité économique. Importé du Bangladesh où il a été créé en 1983 par l'économiste Muhammad Yunus, ce système s'est développé essentiellement dans les pays pauvres et aussi en Europe du nord. Quelque 60 millions de personnes y ont recours dans le monde. En France en 2005, environ 15.000 personnes ont bénéficié de ces prêts à objet social (petit prêt pour dépanner) ou professionnel (en vue d'une création d'entreprise). Dans le cadre des actions entreprises pour aider les banlieues après les émeutes de novembre, M. Chirac a demandé jeudi qu'«une nouvelle impulsion soit donnée au micro-crédit pour lever les obstacles à son développement», avec l'objectif d'atteindre en 2006 15.000 micro-crédits sociaux et 12.000 professionnels. A cette fin, le gouvernement va améliorer l'information, notamment dans les ANPE, et élargir le champ d'action du Fonds de cohésion sociale qui garantit les micro-crédits pour lui permettre de financer l'accompagnement des porteurs de projets. Maria Nowak, présidente de l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie), «mère» du micro-crédit en France, a fait valoir à la presse à l'issue de la réunion que le micro-crédit «est une façon dynamique de sortir les gens de l'exclusion». Elle a estimé à 300.000 le nombre de projets potentiels, soit environ 10% du nombre de chômeurs. «20% de nos clients sont pratiquement illettrés et plus de 20% ont une formation universitaire, le plus souvent des cadres licenciés, et dans tous les cas ça réussit», a-t-elle assuré. Son association, active depuis vingt ans, a déjà financé plus de 37.000 prêts. M. Camdessus, qui préside le comité d'orientation du Fonds de cohésion sociale, a expliqué que le principal obstacle au développement du micro-crédit était «l'absence de projets qui bute sur l'insuffisance de l'accompagnement». Cet accompagnement est mené essentiellement par des bénévoles pour aider les emprunteurs à réussir leur projet. M. Chirac a demandé aux banques d'encourager leurs retraités à s'engager dans des actions d'accompagnement.

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