Maire-info
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Édition du vendredi 17 janvier 2020
Territoires

Salon de la mobilité professionnelle : les collectivités de province veulent attirer les Franciliens

Fuir les RER bondés et les gaz d’échappement... les actifs désireux de quitter Paris sont convoités par des collectivités de province en manque de main-d’œuvre, qui rivalisent d’initiatives et d’arguments pour encourager et accompagner ces changements de vie.
Dix minutes de discussion, un CV mis de côté. Salima Benichou, la directrice attractivité pour la métropole du Grand Nancy, voit défiler les curieux lors du salon du Travail et de la mobilité professionnelle, qui se tient jusque vendredi au parc de la Villette à Paris.
« Cette année, nous avons mis le focus sur les métiers du numérique pour lesquels nous avons absolument besoin de recrutement », explique-t-elle en prenant l’exemple de l’entreprise locale Welcoop, présente sur le même stand, et qui « commence à être en difficulté pour recruter dans ces métiers ».
« C’est aussi le rôle des collectivités d’aider nos entreprises », abonde Anne-Hélène Forêt, de l’agence de développement économique du Mans métropole. « Leur développement, mais aussi celui du territoire, sont touchés si elles n’arrivent pas à recruter les compétences dont elles ont besoin. » 

« Qualité de vie » 
Pour trouver cette main-d’œuvre qualifiée, les recruteurs pensent d’autant plus à l’agglomération parisienne que huit cadres sur dix y vivant envisagent de la quitter – même si un tiers seulement entame des démarches dans ce sens –, selon une étude de Cadremploi datée d’août 2019.
Objectif : « améliorer la qualité de vie, ce qui englobe l’équilibre de vie professionnelle/personnelle, la question du stress, les transports, la taille du logement ou la nature », énumère Aurélie De Cooman, la cofondatrice du site parisjetequitte.fr, des préoccupations encore plus évidentes avec la longue grève des transports en Ile-de-France. 
Jeunes trentenaires, Nicolas Bairrada et sa compagne Hélène sont venus à la pêche aux informations. Habitants près de Versailles, ils veulent « construire un foyer dans un cadre plus propice et plus agréable, avec un rythme de vie plus paisible », explique cette dernière, qui travaille dans le marketing.
Si ces Franciliens d’origine ont pour premier critère de ne pas s’éloigner trop de Paris, où ils ont leurs familles et leurs amis, ce sont plutôt les grosses métropoles comme Bordeaux, Nantes ou Lyon qui font rêver la majorité d’entre eux.
« La région Auvergne-Rhône-Alpes est en pointe, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, la région Sud et puis ça remonte vers la région Pays de la Loire », égrène Luc Moréna, le directeur général de Ma Nouvelle Ville. Cette filiale du groupe Action Logement, chargée d’accompagner la mobilité professionnelle des salariés, connaît « exactement le même type de difficultés »  pour trouver des logements aux professionnels à Bordeaux qu’il y a dix ans à Paris.


Dispositifs d’aide
D’autres territoires font aussi valoir leurs arguments. Anne-Marie Guignot, adjointe déléguée à la promotion et au rayonnement d’Oyonnax, est venu défendre la Plastic Vallée du Haut-Bugey, dans l’Ain. « On est capable de proposer un vrai projet de vie avec des maisons ou des appartements à des prix qui n’ont rien à voir avec Paris, et surtout un environnement naturel absolument formidable », vante-t-elle. 
« On s’adresse aux futurs salariés, mais aussi aux dirigeants qui cherchent à s’agrandir et pour qui Le Mans, à 50 minutes de Paris, peut être une solution à moindre coût », plaide de son côté Anne-Hélène Forêt, de la métropole sarthoise. 
La vie culturelle parisienne est sans comparaison? « Quand on est rincé par deux ou trois heures de déplacement par jour, l’accès à la culture, on en est assez éloigné », objecte Salima Benichou.
« Avant, on devait prendre en compte la question des enfants pour ne pas casser une scolarité en cours d’année et maintenant, il y a aussi l’emploi du conjoint à trouver », remarque Luc Moréna. À cette fin, l’agence de l’emploi économique en Périgord a mis en place un dispositif d’aide aux conjoints souhaitant retrouver une activité sur leur nouveau territoire.
Malgré tout, il s’agit d’un gros bouleversement. « Souvent il faut un an pour s’adapter, s’intégrer et commencer à retrouver un certain équilibre de vie », avertit Aurélie De Cooman. « Certains peuvent être déçus par l’offre culturelle, d’autres avoir du mal à s’intégrer. Mais dans la plupart des cas, les gens sont ravis ». (Corentin Dautreppe – AFP)

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