Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 29 janvier 2018
Catastrophes

Crues : le pire est passé, mais les élus sont inquiets

Ce n’est pas la « crue centenale »  tant redoutée, mais l’épisode de crues qui touche le pays depuis la mi-janvier a concerné des centaines de communes et occasionné des dégâts importants. Ce lundi 29 janvier au matin, selon les services de l’État, les pics de crue ont été atteints partout et l’accalmie constatée sur le front des intempéries laisse espérer une décrue générale, mais celle-ci sera lente.
Seules une partie de la Seine, de la Marne, de l’Yonne, de l’Aube et de la Saône sont encore classées, ce matin, en vigilance orange (« risque de crue génératrice de débordements importants) : les tronçons concernés sont Marne aval, Seine Paris, Boucles de la Seine, Seine troyenne, Aube aval, Seine Bassée champenoise ; et, plus au sud, le tronçon Saône du Doubs à la Seille, autour de Tournus.
Sont encore classés en vigilance jaune, en revanche, de nombreux tronçons de fleuves et de rivières : Loire aval et Loire saumuroise, Charente, Rhône, Dore dans l’Allier, Loire nivernaise, l’Oise, la Meuse dans la plaine ardennaise, l’Aisne… La situation reste inquiétante en Normandie dans le secteur Seine aval, suite à un double phénomène : dans un sens, la crue de la Seine, qui touche actuellement l’Île-de-France, est en train de « descendre »  vers l’embouchure ; et dans l’autre sens, des coefficients de marée importants vont gonfler le fleuve jusqu’au vendredi 2 février. Certains cours d’eau vont donc encore peut-être connaître « une montée rapide des eaux », annonce Vigicrue.
Il est encore trop tôt pour connaître le nombre exact de communes qui ont été touchées, à un degré ou un autre, par le phénomène qui, sans être aussi spectaculaire que la crue de juin 2016, a tout de même occasionné des difficultés importantes dans nombre de territoires : coupures d’électricité, rues, locaux et maisons inondées, routes coupées, transports scolaires supprimés, entreprises fermées. Les précipitations exceptionnelles des mois de décembre et de janvier sont bien sûr la cause directe de ces crues, mais le scénario du pire, envisagé par les spécialistes, ne s’est pas produit en Île-de-France : une crue comparable à celle de 1910 serait à craindre si de telles pluies succédaient à une longue période de gel sévère (un mois). Dans ce cas, les sols gelés ne pourraient absorber les eaux de ruissellement, occasionnant une montée des fleuves et rivières bien plus rapide.
Mais la multiplication de ces catastrophes, ces dernières années, semble bien se confirmer. Dans ce contexte, est-il pertinent que l’État se défausse sur les collectivités de la charge du financement et de l’entretien des digues, comme l’impose la nouvelle compétence Gemapi depuis le 1er janvier ? C’est la question qu’ont reposé les élus du comité directeur de l’AMF, réunis le 25 janvier. Dans un communiqué publié suite à cette réunion, l’AMF relève que la loi voté à la toute fin 2017 résout certes un certain de nombre de problèmes, mais que « d’autres subsistent » : c’est une approche « par bassin versant »  qui devrait être privilégiée, plutôt qu’une politique centrée sur les EPCI – comme l’AMF le dit continûment, du reste, depuis 2014. Les élus de l’AMF répètent qu’ils estiment que le financement des digues domaniales devrait rester « à la charge de l’État », et s’inquiètent du fait que bien au contraire, les financements de celui-ci dans le domaine de la protection des territoires sont en baisse constante depuis plusieurs années, à coups de ponctions sur le budget des Agences de l’eau.
L’AMF s’inquiète enfin « du plafonnement du fonds Barnier prévu pour la première fois dans la loi de finances pour 2018 alors que les catastrophes naturelles se multiplient ».
L’association demande donc avec insistance que ces questions soient remises à plat à l’occasion de la prochaine Conférence nationale des territoires.
F.L.

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