Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 18 janvier 2018
Transports

Notre-Dame-des-Landes : le gouvernement opte pour l'abandon du projet d'aéroport

Après des années de controverse, de nombreux rapports, et une ultime médiation, le gouvernement a finalement choisi d'abandonner le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, cela malgré des décisions de justice et une consultation locale qui y étaient favorables. « Les conditions ne sont pas réunies pour mener à bien le projet de Notre-Dame-des-Landes », devenu « l'aéroport de la division », a ainsi déclaré hier le Premier ministre, Edouard Philippe, à l'issue du Conseil des ministres.
Malgré les multiples rejets des recours en justice des anti-aéroport, le soutien au projet d'une majorité des élus de Bretagne et des Pays-de-la-Loire, et une consultation locale favorable (55,17 %) en Loire-Atlantique en juin 2016, l'exécutif a donc préféré lâcher « NDDL ».
« C’est une grande victoire des zadistes », a aussitôt déploré le patron des sénateurs LR et ancien président des Pays de la Loire, Bruno Retailleau. La maire de Nantes, Johanna Rolland, a parlé quant à elle de « trahison et de déni de démocratie », tout comme son prédécesseur, l'ex-Premier ministre Jean-Marc Ayrault tandis que le président socialiste du conseil départemental de Loire-Atlantique, Philippe Grosvalet, dénonçait le premier « reniement de la parole »  d'Emmanuel Macron.
« Il n'y avait pas de bonne décision », s'est défendu le Premier ministre devant l'Assemblée nationale dans l'après-midi. L'alternative retenue est d'aménager l'actuel aéroport Nantes-Atlantique, qui sera « modernisé »  et dont la piste devra être prolongée.
Né dans les années 1960, relancé en 2000, attribué à Vinci par appel d'offres en 2010, le projet d'aéroport « du Grand Ouest »  était devenu le symbole des atermoiements du quinquennat Hollande et le conflit environnemental le plus emblématique du pays. Pour ses partisans, le nouvel aéroport devait permettre d'accompagner le développement attendu du trafic aérien depuis Nantes, une des villes françaises à la plus forte croissance.
Même s’il s’en défend, l’abandon du projet de nouvel aéroport est une victoire politique pour le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, opposant connu de longue date à ce « projet du XXe siècle, ruineux, inhumain et inutile ». « Je ressens du soulagement car il était temps pour tout le monde de décider et de passer à autre chose », a-t-il réagi dans les colonnes du Parisien, saluant « la moins mauvaise des solutions ». Le ministre affiche cependant « sa fermeté face aux zadistes ». « La décision du gouvernement n'est en aucun cas une licence pour reproduire ce type d’action », déclare Nicolas Hulot.
Pour ses opposants, Notre-Dame-des-Landes était devenu un de ces « grands projets inutiles »  sacrifiant le bocage au nom du développement d'un mode de transport contradictoire avec les objectifs de la France de réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Son abandon soulève toutefois la question de l'indemnisation prévue pour le groupe Vinci qui, selon le rapport remis à Edouard Philippe, pourrait aller jusqu'à 350 millions d'euros. Il y aura « une discussion entre l'Etat et son concessionnaire, qui portera sur les conditions dans lesquelles il peut y avoir ou non indemnisation », a dit hier soir le Premier ministre sur TF1, rappelant que Vinci exploitait déjà l'aéroport nantais actuel.
L'annonce de la décision a évidemment déclenché une explosion de joie dans la ZAD. « C'est une immense joie pour tous ceux qui ont lutté contre le projet », s'est réjoui Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, principale association d'opposants. A Nantes, environ 500 personnes ont fêté la décision en défilant dans le centre ville en scandant : « Ce n'est qu'un début, continuons le combat! » 
Le mouvement anti-aéroport s'est engagé à rouvrir les accès à la ZAD, tout en disant son « refus de toute expulsion »  de ceux qui se sont installés illégalement sur place. Le Premier ministre a donné aux squatteurs « jusqu’au printemps »  pour partir « d’eux-mêmes ». Dans l'immédiat, Edouard Philippe les a sommés de rendre les routes bloquées « à la libre circulation de tous », faute de quoi les forces de l'ordre « procéderont aux opérations nécessaires dans quelques jours ».
Les routes d’accès à Notre-Dame-des-Landes seront libérées « d’ici la fin de la semaine prochaine », a annoncé pour sa part le ministre de l’Intérieur, soulignant le souhait du gouvernement que cela se fasse « par la discussion et la négociation »  plutôt que par la force.
C.N. (avec AFP)


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