Maire-info
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Édition du jeudi 11 juin 2015
Social

Temps de travail : pas de différence notable entre public et privé, selon la Dares

L’édition 2013 de la vaste enquête sur le temps de travail réalisée par la Dares (ministère du Travail) a été rendue publique hier. Elle montre que les horaires de travail sont de moins en moins réguliers, que le travail de nuit et du dimanche progressent, et que les salariés qui travaillent 35 heures et moins sont minoritaires. Y compris dans la fonction publique territoriale …
Les résultats de cette enquête sont difficilement contestables, dans la mesure où elle a été réalisée sur la base d’entretiens avec un échantillon considérable de 34 000 salariés du public comme du privé. L’étude – de 200 pages – est en réalité une suite de tableaux, donnant des chiffres précis (par catégorie d’employeurs, par catégorie socio-professionnelle, par sexe, etc.) sur toutes les questions touchant à l’organisation du temps de travail : nombre d’heures travaillées par semaine, repos hebdomadaire, travail de nuit, du samedi, du dimanche…
Premier enseignement : les 35 heures, censées être le temps de travail légal dans le pays, ne concernent qu’une minorité de salariés. Une forte minorité certes, mais une minorité quand même : un quart seulement des salariés (25,4 %) déclarent travailler 35 h. En ajoutant les temps partiels, qui travaillent moins de 35 h, on obtient le chiffre de 46,5 % des salariés qui travaillent 35 h et moins. Et donc 53,5 % des salariés qui travaillent plus de 35 h. Dans la fonction publique territoriale, les choses ne sont pas fondamentalement différentes : seuls 30 % des agents travaillent 35 h – mais 46,4 % d’entre eux travaillent plus. On peut cependant noter que parmi les quatre secteurs étudiés (secteur privé, fonction publique d’État, hospitalière et territoriale), la FPT est la meilleure élève en termes de respect des 35 h : le bas du tableau est occupé par la fonction publique d’État, où 15,6 % seulement des agents sont à l’horaire légal. 20 % des agents de la FPE travaillent plus de 40 h (contre 12 % dans la FPT et 15 % dans le privé).
Contrairement à un préjugé tenace, donc, on ne travaille absolument pas moins dans le secteur public que dans le secteur privé.
Le travail du samedi, tous secteurs confondus, est très répandu : il concerne (occasionnellement ou habituellement) 48 % des salariés (42 % dans la FPT).Quant au travail du dimanche, il continue de se développer petit à petit : 28,4 % des salariés travaillent occasionnellement ou habituellement le dimanche, contre 26 % il y a dix ans. C’est naturellement la fonction publique hospitalière qui travaille le plus le dimanche, avec 65 % des agents concernés, contre 30 % seulement dans la territoriale. La progression la plus frappante est celle des employés du commerce : la proportion de ceux qui travaillent le dimanche a gagné dix points en quelques années, passant de 36 % en 2005 à 46 % en 2013. Et ce n’est évidemment qu’un début, puisque le projet de loi Macron, en cours d’adoption, devrait largement ouvrir cette possibilité.
Autre évolution notable de ces dernières années : le caractère de moins en moins uniforme des horaires. En une trentaine d’années (1984-2013) le nombre de salariés déclarant travailler « aux mêmes horaires tous les jours »  a chuté de dix points, passant de 60 à 50 %. C’est dû, en majeure partie, à l’augmentation des horaires « à la carte »  décidés ou par l’employeur ou par le salarié (horaires variables). La FPT est, de loin, le secteur où la régularité des horaires de travail est la plus grande : 66 % des agents travaillent aux mêmes heures tous les jours (contre 40 % dans la FPH et 50 % dans le privé).
Tout comme les 35 h, la durée légale de la journée de travail, naguère fixée à 8 h, devient de moins en moins générale. 30 % des salariés déclarent que leur journée de travail dure « entre 8 h et 9 h »  – mais presque autant (27 %) entre 9 h et 10 h. 11 % des salariés déclarent travailler plus de 11h par jour. Caché au milieu des dizaines de tableaux on trouve, soit dit en passant, un chiffre assez stupéfiant : la proportion de très jeunes salariés (moins de 20 ans) travaillant plus de 11 heures par jour a triplé en moins de dix ans, passant de 7 à 21 % !
Autre préjugé très à la mode ces temps-ci, auquel l’étude de la Dares fait un sort : les fonctionnaires territoriaux auraient tous des journées de 7, voire 6 heures… En réalité, les chiffres de la FPT sont presque exactement les mêmes que dans le privé sur ce sujet : 11,3 % des agents de la FPT travaillent entre 7 et 8 h par jour (11,2 dans le privé) ; 4,4 % entre 6 et 7 h (4 % dans le privé) ; 3,8 % entre 4 et 6 h (3,6 dans le privé). On apprend également que 75 % des agents territoriaux déclarent dépasser (parfois, souvent ou tous les jours) leurs horaires de travail. Ce chiffre monte à 85 % dans la fonction publique hospitalière.
L’étude compile encore bien d’autres données (travail de nuit, temps de trajet, astreintes). Elle révèle aussi, ce qui ne surprendra personne, que la frontière entre vie professionnelle et vie privée s’estompe de plus en plus : presque la moitié des salariés (46 %) déclarent avoir déjà été appelés à leur domicile par leur employeur. Et la proportion de salariés qui déclarent ne jamais emporter de travail à domicile a diminué de 10 points en huit ans, passant de 62 à 52 %.
Franck Lemarc

Télécharger l’étude de la Dares


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