Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 10 septembre 2014
Petite enfance

Crèches : inquiétudes sur le financement des nouvelles places

Le gouvernement aurait l’intention, selon des informations parues dans la presse en début de semaine, de réduire la voilure sur le budget alloué à la Cnaf pour la création de places en crèche. Le président de la Cnaf, Jean-Louis Deroussen, s'inquiète d'ores et déjà que le gouvernement rogne sur les crédits de la Caisse, si les objectifs prévus n'étaient pas atteints, avec un manque à gagner potentiel de 1,4 milliard d'euros sur cinq ans. « Le retard pris pourra-t-il être rattrapé ? », s’est-il interrogé hier lors d’une conférence de presse, tout en assurant que l'objectif reste « 100 000 places créées ».
Sur la première année de sa convention d'objectif et de gestion (COG), qui court de 2013 à 2017, la Cnaf n'a pas dépensé tous les crédits dévolus au financement de la petite enfance. En effet, 6 000 créations de places nouvelles ont été décidées, contre 11 000 prévues. Conséquence : 243 millions d'euros non dépensés vont être récupérés par l'Etat. La Cnaf explique cette « sous-exécution »  par des raisons conjoncturelles, les communes ne s'étant pas engagées avant les élections, mais peut-être aussi par des causes plus structurelles.
L’Association des maires de France avance, elle, plusieurs explications : les objectifs de la COG ont été établis sans concertation avec les élus et sans analyse réelle des besoins ; Il n’a pas été tenu compte du contexte de réduction des ressources des communes et des intercommunalités ; la demande des familles a évolué en lien avec le contexte de crise économique et sociale actuel. « De nombreuses communes, dont des villes de taille importante, font état d’un ralentissement de la demande des parents et commencent à rencontrer des difficultés à fonctionner à effectif complet », souligne ainsi l’association.
La CNAF s’est d’ailleurs inquiétée de la forte hausse du coût d'une place en crèche, qui a presque doublé en dix ans, pouvant représenter un frein pour les communes et menacer l'objectif de 100 000 nouvelles places d'ici 2017.
Entre 2000 et 2013, le coût d'investissement dans un berceau est passé de 18 000 euros à 34 000 euros, a souligné hier le directeur général de la Cnaf, Daniel Lenoir. Or, la participation de la Caisse n'a pas augmenté autant, passant sur la période de 6 600 euros à 8 800 euros. La différence doit être financée par les collectivités locales. « On se pose la question d'augmenter ou non notre participation », a souligné Daniel Lenoir, précisant que la Cnaf allait d'abord lancer une étude pour connaître les raisons précises de cette évolution des prix.
Cette polémique intervient au moment où l’Institut national d’études démographiques (Ined) publie une étude sur l’accueil en crèche en France. Elle porte sur les données de 2011, à l'époque où ce mode d’accueil, plébiscité par les parents, offrait un nombre de places largement inférieur aux besoins : alors que 32 % des parents affirmaient souhaiter confier leur enfant à une crèche, seuls 16 % d’entre eux pouvaient effectivement le faire. L’offre, détaille l’Ined, est très différemment répartie sur le territoire. Si l’offre d’accueil en EAJE (établissement d'accueil du jeune enfant) est importante dans les métropoles, en zone rurale, l’offre proposées par les assistantes maternelles est majoritaire.

Télécharger l’étude de l’Ined.



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